Cette année, l’orchestre au collège Francis Lallart de Gorron fête les 20 ans de sa création. Dans le cadre de notre newsletter « Per Tutti » sur les ressources pour les orchestres à l’école, nous avons interrogé Loïc sur sa pratique, son expérience et l’histoire de son orchestre. Entretien avec Loïc Renault, chef de l'orchestre à l'école de Gorron (53).
Pouvez-vous nous raconter pourquoi et comment la classe orchestre a été créée ?
Il y avait eu des essais, des prémices à la classe orchestre, en 1998-1999. Philippe Boissel souhaitait monter une option musique dans le collège mais le projet n’avait pas abouti.
Quand je suis arrivé en septembre 2000 au collège, j’étais jeune prof, j'avais juste 20 ans. Pour moi, Gorron, c'était une année de stage… Et le stage a un peu duré (rires).
Je suis arrivé dans un petit collège rural où l'équipe enseignante m'a bien encadré. Le principal m'a dit : « tu es prof de musique, tu vas nous monter une chorale, un petit truc pour la fête de fin d'année ». Après mon stage, je suis revenu faire mes études à Tours et le principal m’a fait revenir dans l’établissement. J’ai fait intervenir un orchestre symphonique dans l’établissement et Philippe m’a demandé si on pouvait mettre en place cela dans le collège. Entre temps est paru un article dans la revue de la chambre syndicale de la facture instrumentale sur les classes orchestres et on s’est dit que c’était ce que l’on voulait dans l’établissement.
Vidéo sur la création et le parcours de l'orchestre :
Quelle formation aviez-vous reçue avant de démarrer l'orchestre ?
Quand je suis arrivé, je venais juste d'obtenir mon DEUG et j'ai continué mes études en parallèle. Quand j'ai commencé la classe orchestre, j'avais pris des cours de direction d'orchestre depuis tout jeune, fait des stages avec d'autres chefs d'orchestre. Avec Philippe, on est parti sur un orchestre d'harmonie parce qu'étant trompettiste, je suis issu des orchestres d'harmonie. C’était aussi plus simple pour que les élèves puissent continuer et intégrer celui de la ville après leur cursus.
Comment choisissez-vous le répertoire musical pour les élèves ?
C’est en fonction de leurs envies. J’ai un tableau dans un coin de la salle de musique qui est assez libre, où ils peuvent mettre leurs idées. On ne choisit pas forcément à 100 %, parce que c’est parfois difficile musicalement. Le répertoire se compose aussi en fonction des projets qu'il y aura dans l'année, des liens et puis d'une thématique. C’est variable selon les années.
Comment gérez-vous la différence de niveau, de timidité, de comportement peut-être, parmi les élèves ?
Il n’y a pas de recette miracle mais il y a la patience. Prendre le temps, écouter les élèves, essayer de leur apporter une solution. Ça devrait être le leitmotiv de n'importe quel enseignant, de n'importe quelle discipline.
Pour la timidité, j’organise beaucoup d'interventions extérieures. Je fais souvent appel à Mickael Ribault et Johann Lefevre - formateurs pour l'association Orchestre à l'École - parce qu’ils font improviser tout le monde, ils sont à l'aise, et ça crée du lien.
Qu’est-ce qui a assuré la pérennité de la classe orchestre ?
C'est l'épanouissement des élèves et des adultes qui encadrent ce projet... Le lien de confiance entre les deux. Et puis, il y a aussi les projets nationaux qui valorisent tout le monde. Passer à la télé pour un reportage, jouer dans une grande salle, accueillir un artiste à Gorron, comme on a pu le faire avec Shani Diluka. Ce sont des choses comme ça qui marquent les gens. Ce que je dis souvent à mes élèves quand ils partent, c’est qu’ils ont un peu changé ma vie d'enseignant aussi. Et puis, un orchestre à l'école, c'est la vitrine d'un établissement.
Découvrez l'un des derniers projets de la classe orchestre :
Qu’est-ce que vous conseillerez à quelqu’un qui souhaiterait lancer un orchestre à l’école ?
Que les gens ne se découragent pas, qu'ils aillent chercher de l'aide à droite, à gauche. Parce que quand on est seul, c'est vrai que ça peut être compliqué. Cependant, il y a l’association, qui se place comme un pôle « ressources », et dans de nombreux départements on peut toujours trouver un autre exemple, où ça fonctionne, et qui peut aider à aller plus loin. Je suis prêt à accueillir les gens pour qu’ils viennent voir, qu’on échange des conseils !
Est-ce que l'orchestre a eu un impact dans la vie des élèves, après le collège ?
Peut-être. Ça donne confiance pour se dire « je peux exceller dans mon domaine, dans ma pratique ». Certains ont été meilleurs apprentis, meilleurs ouvriers de France. Ça a poussé des élèves à s’investir dans des associations. Je trouve que la musique a des valeurs humanistes, d'écoute, de respect, de cohésion de groupe, de travail pour la vie citoyenne, finalement plus que de la performance. Ça permet d'impliquer un peu plus les gens dans le lien social.
Propos recueillis par Gaëlle Magnien
L'interview d'Anne-Laure Guenoux
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